Cen’est pas la première fois que la vie d’Hugo Pratt a été adaptée sous cette forme : son jeune compatriote Paolo Cossi avait déjà réalisé un roman graphique en trois tomes édités par Hazard Edizioni, de 2009 à 2012, lesquelles ont été traduites en français chez Vertige Graphic entre 2010 et 2013 sous le titre « Hugo Pratt, un gentilhomme de Grandprix Rotary jeunesse du salon international du livre de montagne Passy 2021Chaque année, quand arrivent les vacances, Germain a un job d'été tout trouvé : aide-berger au col des Thures. Le troupeau de moutons, les chiens, la liberté en pleine montagne, la belle vie ! Une vie qu'il adore, un métier qui plus tard, pourrait être le sien.La belle vie ? Et si ça Bonjourles filles, Pas de soucis, ne vous inquiétez pas, je sais que nous sommes passé à la couleur depuis un bon moment déjàOui,j'ai connu les photos noir et blanc, la télé en noir et blanc, la télé qui n'avait pas d'émission les matins, qui n'émettait le 1 mai qu'à partir de 20H pour le journal..Et oui, qu'est ce que je pouvais haïr les 1 mai!!! Avis Ethabituellement, lorsque je les revois un ou deux mois après, soit les choses se sont enclenchées, malheureusement, vers un début d'anorexie, soit les parents, une fois sur deux, annulent le rendez-vous: ils appellent en disant qu'ils me remercient parce qu'en fait, cela va beaucoup mieux, c'est réglé, ou ils viennent pour s'entendre dire que tout va bien, on se La8 ! De très loin la plus réussie de la série je trouve ! La 4 a aussi un petit quelque chose de tendre, de joyeux, et d’érotique qui la rend très sympa aussi ! 4. Le 15 mai 2009, 11:01 par Antoine. Merci à tous pour votre passage! Manalover, il va falloir qu’on reparle de la dimension érotique je pense :D. 5. q33X. Les livres ne valent d’être écrits que si l’on a franchi l’ultime frontière de la honte. »Apprenti chauffeur routier, puis apprenti reporter grâce aux instances du Parti qui voudraient faire de lui un délateur professionnel peine perdue, Marek Hłasko est propulsé dans le monde des lettres par quelques vampires édentés, mâles et femelles, qui espèrent se revivifier du...Édition papierDate de parution 09/02/2012Prix 19,25 €Format 23 x 15 cm, 978-2-88250-267-4 Ils en parlent Autour du livre Marek Hłasko est le plus doué des jeunes écrivains polonais d'après-guerre. » Stéphanie Dupays, Le Monde des livres Marek Hłasko dresse un catalogue fantastique des moyens de survie dans un milieu hostile. » Isabelle Rüf, Le Temps Il y a dans ce récit une sorte d’alacrité réjouissante, le rythme en est savamment contrôlé et la perspicacité ironique, toujours à l’œuvre, n’épargne pas le narrateur lui-même. » Thierry Cecille, Le Matricule des anges Les livres ne valent d’être écrits que si l’on a franchi l’ultime frontière de la honte. »Apprenti chauffeur routier, puis apprenti reporter grâce aux instances du Parti qui voudraient faire de lui un délateur professionnel peine perdue, Marek Hłasko est propulsé dans le monde des lettres par quelques vampires édentés, mâles et femelles, qui espèrent se revivifier du sang d’un beau jeune homme, irrespectueux et séduisant en diable. Il écrit La Belle Jeunesse à 32 ans. Il va bientôt mourir et fait dans ce livre inestimable » le récit de sa vie fulgurante James Dean polonais », idole de la jeunesse à l’aube des années soixante, puis réfugié incontrôlable, ivrogne, bagarreur, séjournant dans les institutions psychiatriques et pénitentiaires d’Europe, d’Israël et des États-Unis, séducteur irrésistible et premier, il avait rompu avec les conventions grises du réalisme socialiste, par sa brutale description des faits, son sens aigu de l’observation, son art du dialogue, tranchant et radical, vrai enfin, mais aussi un lyrisme sombre. Livre d’intranquillité, La Belle Jeunesse affronte la vie cruelle, à l’Est comme dans le soi-disant monde libre, car… le monde se divise en deux moitiés égales, à ceci près que l’une est invivable et l’autre insupportable ». QUÉBEC — La bibliothèque de l’Assemblée nationale est un havre de paix que le brouhaha du parlement ne perturbe question, en apparence anodine, est venue troubler la tranquillité des lieux Quel est le dernier député à avoir publié une œuvre de fiction au cours de son mandat ?Après vérifications, on n’a pu répondre à la question avec certitude ». Veuillez pardonner l’état de cette situation ; le projet de recensement des ouvrages écrits par les parlementaires québécois est en cours et nous nous efforçons de le réaliser le plus rapidement possible », a-t-on répondu poliment à . Il y a bien le libéral Robert Dutil et le péquiste Maka Kotto qui ont publié des fictions, mais c’était au moment où ils ne siégeaient pas à l’Assemblée toute vraisemblance, la réponse est Gérald Godin, qui a publié en 1990. Ce l’était du moins avant cet ans après Godin, un député en fonction publie un roman. Le caquiste Jean-François Roberge est bien fier de son coup, mais il n’a pas la prétention de se comparer au défunt poète. J’ai des croûtes à manger », lâche l’élu dans registre la littérature jeunesse. C’est plus là que se trouve mon expertise. » Avant de faire le saut en politique aux élections du printemps dernier, il était enseignant à l’école primaire de Saint-Basile-le-Grand, depuis 17 ans. Éditions Pierre Tisseyre est la suite de , publié en 2010. Il en a terminé la révision au lendemain du scrutin. On dit des fois que certains produits ne sont pas testés sur les animaux, moi je l’ai testé sur mes élèves. Ils m’ont fait des suggestions, m’ont proposé de resserrer l’histoire. Je l’ai améliorée avec leurs commentaires. »Le livre raconte l’histoire de Francis, élève de première secondaire et collaborateur au journal étudiant . Il mène une enquête sur une bande de tricheurs qui sévit à l’ de métier l’a constaté dans ses classes Les filles lisent plus et écrivent mieux que les garçons. » Alors il a voulu écrire des livres que les garçons auront le goût de lire », avec un personnage auquel ils peuvent s’identifier ». Même s’il est lui-même père de deux filles, Cassandre et Ariane – c’est aussi un amoureux des références grecques, vous pigez ? C’est à la mode, les vampires, les dragons, les sorciers, les Amos Daragon, les Harry Potter. C’est très bon. Mais un garçon de 12, 13 ans ne peut s’identifier à un héros qui règle tout à coups de potions et de baguettes magiques. » J’ai voulu pour nos garçons créer un personnage qui n’était pas un loser ni un héros, qui arrivait à faire son chemin à coups d’essais, d’erreurs, de persévérance. »— Jean-François Roberge, député de la CAQ et auteur jeunesseEssais, erreurs Francis sort un scoop… avant de se retrouver dans un cul-de-sac avec son enquête. Son rédacteur en chef réplique avec des mots qui ont déjà résonné dans les salles de nouvelles Voyons, Francis, ce n’est pas parce qu’il ne se passe rien qu’on ne publiera pas de mise à jour. S’il n’y a pas de développements, ça veut dire que les fautifs ne se sont pas fait prendre. Et ça, c’est une nouvelle ! » Un truc du Roberge l’a probablement appris dans les journaux étudiants auxquels il a collaboré. D’abord du collège André-Grasset, puis Montréal Campus, pépinière de journalistes de l’UQAM, où Roberge a étudié en enseignement. Il se souvient qu’au cégep, le patron » du était Charles Grandmont, qui travaille aujourd’hui au magazine . Dans mon livre, il y a un Charles qui est rédacteur en chef, eh bien c’est lui », révèle-t-il en exclusivité », il va sans Roberge a voulu s’éloigner du monde peint en noir et blanc, divisé entre bons et méchants. Francis se heurte à un dilemme moral quand il découvre l’identité du chef des tricheurs et les circonstances qui ont mené au crime ». On assiste alors à ce que l’univers des compétences transversales appelle un geste réparateur ».En fond de scène, on est témoin du passage de Francis du primaire au secondaire. Roberge, lui, est passé du primaire au parlement. Passe-moi la puck, je vais en compter des buts ! », a lancé le député tel un Coloc à son chef François Legault quand il lui a demandé de lui confier le dossier de l’éducation. Des médias lui ont donné de bonnes notes dans les bulletins de fin de session. Enseignant, écrivain, député, c’est un peu le même rôle, celui de communicateur », observe le a été catastrophé lorsque son vis-à-vis, le ministre de l’Éducation Yves Bolduc, a affirmé qu’il y avait déjà assez de livres dans les bibliothèques des écoles et que les commissions scolaires pouvaient en acheter moins pour répondre aux commandes de compressions. Il a fait des gaffes, l’une éthique avec sa prime de médecin, mais celle qui l’a peut-être disqualifié pour être à la tête du ministère de l’Éducation, c’est celle-là. Tu ne peux pas être ministre de l’Éducation et banaliser la culture à l’école, la littérature. » Sans sacrifier le travail de député », Jean-François Roberge écrit une suite aux aventures de Francis. Elle pourrait être publiée en 2015. Ce n’est pas un engagement, dit le politicien avec prudence, c’est à peine un souhait. »Et il envisage l’écriture d’un autre roman, d’aventures celui-là. Pour des lecteurs adultes. Une belle grosse brique, je crois. C’est embryonnaire. Peut-être ne sera-t-il jamais publié… Mais c’est un roman qui se passe au XVIII siècle, dans les Caraïbes, avec pirates, corsaires, flibustiers. » Le Salon bleu l’a-t-il inspiré, avec ses équipages qui s’affrontent autour du trésor public ? Ç’a été de façon inconsciente si c’est le cas ! »Pour l’instant, Francis l’intrépide est en vente dans toutes les bonnes librairies. Et le sera peut-être un jour à la bibliothèque de l’Assemblée Roberge40 ansDéputé de Chambly depuis les élections du 7 avril dernierEnseignant au primaire pendant 17 ansCandidat défait de la Coalition avenir Québec dans Vachon en 2012Président de l’association du Parti québécois de Vachon en 2007-2008Président de Force Jeunesse en 2002-2003 Il fait doux en cette après-midi printanière dans ce petit coin d'Ile-de-France. Tandis que le pays ne va pas tarder à assister au fameux débat de l'entre-deux-tours entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron, Annie Ernaux, mélenchoniste convaincue, s'apprête à s'envoler du côté de Madrid pour recevoir un prix littéraire, trop contente d'échapper à cette rencontre au sommet - elle s'est tout de même décidée, "la mort dans l'âme", à donner sa voix à l'actuel président de la République. Mais, pour l'heure, elle est là, souriante et accueillante, sur le pas de la porte de sa délicieuse maison de Cergy surplombant l'Oise. Au menu du jour, deux livres, fort dissemblables le premier, un volumineux ouvrage publié par les éditions de l'Herne, fort d'une quarantaine de contributions, de trois entretiens inédits et de nombreux extraits jamais dévoilés du journal d'Annie Ernaux, le tout sous la férule de l'universitaire Pierre-Louis Fort ; le second, à peine une novella, une petite quarantaine de pages titrée Le Jeune Homme et publiée par Gallimard tous deux en librairie le 4 mai - et, disons-le tout de go, un délice, un bonbon, un clin d'oeil à la vie, qui nous rappelle que l'auteure de Passion simple, de Se perdre et de L'Usage de la photo n'a pas son pareil pour conter les histoires de couple et les jeux de l'amour. Un menu conséquent, donc, et près de deux heures de conversation ponctuées par le rire plein de jeunesse d'une romancière qui compte 81 printemps. L'Express Dans l'avant-propos de ce "Cahier", son maître d'oeuvre, Pierre-Louis Fort, vous présente comme une figure majeure de la littérature étudiée sur les cinq continents. Cette consécration ne vous effraie-t-elle pas ? Offre limitée. 2 mois pour 1€ sans engagement Annie Ernaux Non, car cela n'a aucune réalité. En fait, je réponds à des journalistes coréens comme je le ferais à un prof de Cergy-Pontoise. Et puis, au fond, la consécration est tardive. J'ai commencé à publier à 33 ans, et ce n'est que dix ans plus tard que j'ai eu du succès, avec La Place. Ce livre a eu une répercussion énorme, et cela, oui, à l'époque, m'a accablée. Je ressentais une sorte d'imposture lorsque, dans les salons du livre, on me disait "vous avez raconté mon histoire". Ce sentiment d'illégitimité est-il féminin ? C'est ma partie aveugle de penser que la gloire est réservée aux autres. Je me souviens encore de cette citation de Mme de Staël lue à 16 ans "La gloire est, pour les femmes, le deuil éclatant du bonheur." J'ai toujours une forme de distance par rapport à la consécration, mais en même temps je ne dois pas me mentir comment réagirais-je si j'étais une écrivaine qui, comme beaucoup, se désole d'avoir peu de lecteurs ? Vous avez écrit que la consécration était en même temps "magnifique et mortelle"... J'ai toujours l'impression qu'il y a un malentendu. Non pas dans le fait que j'ai écrit ce que je voulais écrire et que j'ai l'impression d'être allée au bout de quelque chose, mais parce que c'est terminé, tout ce qui arrive concerne ce qui est déjà passé. Votre nom a été évoqué par les bookmakers pour le prix Nobel de littérature, finalement attribué en octobre dernier au romancier tanzanien Abdulrazak Gurnah. Avez-vous été déçue ? J'étais complètement à l'écart de tout cela. Je disais à tous ceux qui frémissaient autour de moi "C'est une sinistre histoire, c'est une blague." Et c'était bien une blague. Je n'ai pas été déçue, au contraire, j'étais très heureuse de continuer à vivre ma vie ordinaire. J'aurais peur d'être estampillée à vie "Annie Ernaux Prix Nobel", de même que je ne verrais pas une "Annie Ernaux de l'Académie française". A ce propos, j'ai pris les devants, j'ai dit très tôt aux membres du Quai Conti comme à ceux du jury Goncourt qu'il n'était pas question de faire partie de leur compagnie, comme il n'est pas question pour moi de recevoir la Légion d'honneur. Oublions le Nobel... En revanche vous avez reçu en 2021 le prix Prince-Pierre-de-Monaco... Oui, et je suis allée le réceptionner. C'est incroyable, Monaco, on a l'impression d'être dans une opérette de béton et non dans le monde réel. Et les gens, dans la rue, c'est le XVIe ou le VIIe arrondissement puissance plus ! Je ne l'ai pas très bien vécu, car je sais que le jury ne voulait pas de moi ; il paraît que c'est Caroline de Monaco - une femme très intéressante, d'ailleurs - qui a insisté. Reste qu'il y a des prix, à connotation européenne, dont je suis ravie, comme le prix Würth, que je vais recevoir en mai dans le Bade-Wurtemberg, le prix Strega européen ou encore le prix espagnol Formentor. Vous avez été sélectionnée pour le Goncourt dès votre premier roman, Les Armoires vides, en 1974, un souvenir finalement cuisant, puisque vous écrivez à l'époque dans votre journal qu'être sur une liste est une "entreprise sadique". Oui, c'est un sale moment dans la vie, sauf si on a le prix ! [Rires.] Personne ne veut revivre cela. Et cela peut même vous tétaniser. Je pense à Catherine Guérard, l'auteure de Renata n'importe quoi, qui a failli avoir le Goncourt en 1967 - c'est André Pieyre de Mandiargues qui l'a obtenu pour La Marge. Elle n'a plus rien écrit après, on a perdu sa trace. Lorsque vous recevez le Renaudot en 1984 pour La Place, vous dites être sans émotion... En fait, le livre, sorti en janvier, avait déjà eu beaucoup de retentissement, notamment grâce à un Apostrophes de début avril. Du coup, le Renaudot est venu couronner un succès. Ce qui est incroyable et génial, c'est que La Place vit toujours, notamment parce qu'il est prescrit à l'école. De même est-il formidable qu'un livre comme L'Evénement, publié en 2000, connaisse une seconde vie grâce à son adaptation au cinéma par Audrey Diwan. Lors de la sortie du "Quarto" Ecrire la vie, en 2011, réunissant 12 de vos écrits, vous aviez fait mention de votre réticence pour ce recueil que vous qualifiez de "mausolée". N'avez-vous pas eu cette même appréhension avec ce "Cahier" qui vous est consacré ? Si si, j'ai résisté beaucoup, depuis 2013. Et puis, Pierre-Louis Fort, que je connais bien depuis vingt ans et en qui j'ai entière confiance, avait envie de faire un travail sur mon oeuvre, alors je l'ai dirigé vers les éditions de l'Herne. Cela s'est très bien passé. Pierre-Louis m'a demandé mon avis pour les contributeurs - le grand mérite de ce "Cahier" réside d'ailleurs dans la diversité de ses signataires, une bédéiste Aurélia Aurita, une compositrice et pianiste Jeanne Cherhal, des romanciers Nicolas Mathieu, Delphine de Vigan, Nathalie Kuperman, Geneviève Brisac..., des cinéastes Audrey Diwan, Danielle Arbid des universitaires... Cette richesse le rend accessible à tous, du grand public aux étudiants en lettres. Etes-vous d'accord avec Pierre-Louis Fort, qui a choisi trois oeuvres, L'Evénement, Les Annéeset Mémoire de fille, pour illustrer votre projet "auto-socio-biographique" ? On ne pouvait pas donner la même importance à tous les livres, mais tous appartiennent à ce projet - pour ma part, je préfère parler de "quelque chose entre la littérature, la sociologie et l'histoire". Et puis les contributeurs avaient carte blanche, ce sont eux qui ont choisi d'écrire sur tel ou tel texte, et beaucoup ont opté pour La Place. C'est avec La Place, "le livre de la déchirure sociale", que vous avez eu, dites-vous, la conscience accrue du rôle politiquement fort de l'écriture et de l'importance de la recherche formelle... C'est un livre politique, en effet, la violence de certaines critiques me l'a bien montré. Il ne faut pas oublier Le Nouvel Observateur qui, sous la plume de Jean-François Josselin, ne m'a pas loupée pendant des années. A la sortie de Passion simple, ç'a été pire que tout, il s'est déchaîné. A son tour, Jérôme Garcin a fustigé La Honte, mais il est vrai qu'il a donné une belle place aux Années dans son magazine. Au Masque et la Plume, Frédéric Beigbeder adore m'étriller aussi. Cela dit, certaines mauvaises critiques me réjouissent, je sais bien "d'où ils écrivent", comme on dit. Les tenants de la "gauche caviar" ne peuvent pas comprendre que je donne autant de dignité à un monde considéré comme inférieur. Je détruis les hiérarchies. En revanche, Nicolas Mathieu parle avec bonheur de vos écrits, notamment de La Place, dont la lecture lui a procuré, écrit-il, une "commotion". L'auteur de Leurs enfants après eux fait-il partie de votre famille d'écrivains ? Oui, il y a des écrivains avec lesquels je sens une forme de fraternité. Ainsi de Georges Perec, que j'admire depuis Les Choses, lu en 1965 ; son écriture est d'une grande profondeur. Je citerais aussi Pierre Michon, Leslie Kaplan, Danièle Sallenave. Et puis il y a les héritiers directs, Edouard Louis, Didier Eribon, Nicolas Mathieu... Le charme de ce "Cahier" tient essentiellement aux extraits inédits de votre journal. Publierez-vous un jour votre journal dans son intégralité ? Pas de mon vivant, non, mais à titre posthume, oui. Je l'ai notifié dans mon testament à l'attention de mes fils. Vous savez, là, c'est une première, je n'avais jamais donné des extraits de mon journal. Mais je les ai choisis avec précaution, aucun d'entre eux n'a trait à ma vie intime ou ne peut porter préjudice à des vivants. Je n'ai pas voulu livrer de noms, j'ai souhaité rester assez clean. Les extraits choisis sont de nature sombre. 7 avril 1986 "Maman est morte". 22 juillet 2006 "J'ai enterré Kyo" la chatte. 30 septembre 2002 cancer du sein droit. 19 décembre 2001, à propos des Années "Je suis dans l'enfer de l'écriture..." Mai 1998 voyage éprouvant à Bucarest. Octobre 1994 Corée du Sud, "Qu'est-ce que je fais là ?". 24 janvier 2002 "Pierre Bourdieu est mort hier soir"... N'y a-t-il que des événements dramatiques dans votre journal ? Bien sûr que non, il y a des moments heureux, et un peu crus - il n'y a pas eu que Passion simple dans ma vie, vous savez ! [Rires.] "Il a peut-être fallu que j'ai un cancer pour persister et écrire ce livre"Revenons sur quelques-uns de ces événements. La mort de votre mère, l'enfer de l'écriture, les invitations à l'étranger par les instituts français... A la mort de ma mère, j'ai tout de suite su qu'il me fallait écrire un livre sur elle ; je l'ai commencé tout de suite, le 15 avril, et cela a donné Une femme, en 1988. Pour Les Années, j'ai pris beaucoup beaucoup de temps à envisager et à accepter la forme impersonnelle que j'ai fini par choisir, elle était tellement inédite. Je n'avais aucun exemple possible dans la littérature. Et il a peut-être fallu que j'aie un cancer pour persister et écrire ce livre, histoire de ne pas penser à la maladie jour et nuit et de ne pas me demander ce que je serais dans un ou deux mois. L'écriture était un médicament, comme je le raconte dans L'Atelier noir, mon journal d'écriture. Quant aux voyages, j'étais dans les années 1990 tentée d'accepter toutes les invitations, en Chine, au Japon... Mais c'est vrai que certains déplacements ont été éprouvants, comme dans la Roumanie de 1998. Je me rappelle m'être dit "plus jamais ça", j'avais l'impression d'être une "commise-voyageuse". Quelques mots sur Mémoire de fille, un livre que vous avez mis très longtemps à écrire, mais qui est tout de même paru en 2016, soit avant la vague MeToo et la déferlante de paroles. Oui, comme l'écrit la sociologue Isabelle Charpentier, ma première expérience sexuelle a été vécue dans ce que j'ai appelé "les zones grises du consentement". Je n'ai jamais employé le mot "viol". Je me souviens, je me demandais "Pourquoi elle consent, cette fille ? C'est ça, elle consent, et elle continue, elle n'arrête pas de consentir." J'ai vraiment l'impression d'avoir permis une conscience de choses qui jusque-là étaient sans doute ressenties mais pas exprimées ; des portes se sont ouvertes, ce qui est majeur pour moi, j'aurai fait quelque chose de ma vie. De même en a-t-il été avec La Place sur la déchirure sociale. J'avais déjà évoqué le sujet dans mon premier livre, Les Armoires vides, mais il est sorti le jour de la mort de Pompidou, le 2 avril 1974. On ne s'est plus intéressé qu'à l'élection à venir. A ce propos, le chercheur et critique littéraire Alexandre Gefen rappelle vos engagements de citoyenne, votre soutien à Mélenchon en 2012, votre adhésion aux gilets jaunes, la lettre ouverte à Macron en mars 2020 "dénonçant les "inégalités criantes" et les "restrictions des libertés"... En ce qui concerne les gilets jaunes, je ne parlerai pas d'adhésion, non, mais plutôt de compréhension de ce pourquoi ils se révoltaient et de ce qu'ils essayaient de dire avec leurs mots maladroits. Cela partait dans tous les sens, mais c'est vrai pour toute révolution, qui n'est jamais ordonnée. L'important, à mes yeux, c'est qu'ils avaient conscience des injustices et récusaient toute dépendance politique. Quant à Jean-Luc Mélenchon, j'ai continué à le soutenir. J'ai adhéré dès novembre au Parlement populaire [NDLR l'organe de liaison entre les mouvements sociaux et la campagne de Jean-Luc Mélenchon], je fais donc partie de ceux à qui il a demandé de dire s'ils veulent voter Macron, s'abstenir ou voter blanc. Dans votre journal, à la date du 30 avril 2002, vous écrivez, alors que Jacques Chirac se retrouve face à Jean-Marie Le Pen "Et si Laguiller avait raison en prônant le vote blanc ou nul ? Mais le danger Le Pen ? Comment savoir ?" Et plus loin, "par-dessous tout, le mépris de la classe populaire, la gauche chic partout, et friquée", avant de dire votre "agacement suprême devant ce déploiement de discours vibrants contre le fascisme"... Le 22 avril, le lendemain du premier tour, j'étais partie huit jours aux Etats-Unis pour parler de mes livres. Quand je suis rentrée, sans avoir été baignée par l'ambiance de l'entre-deux-tours, j'ai été un peu énervée par tous ces discours vibrants d'un jour, faciles à tenir, mais qui ne s'élèvent jamais contre les licenciements. J'ai alors hésité entre le vote pour Chirac et l'abstention, je me demandais si j'allais offrir un blanc-seing à Chirac... et finalement j'ai voté pour ce dernier, en me promettant bien que ce serait la dernière fois, que je ne me ferais plus jamais avoir. D'ailleurs, en 2017, je ne suis pas allée voter. Et cette année ? Je viens de choisir de voter Macron, c'est un crève-coeur. Je me rappelle avoir dit en 2018, dans le journal Zadig, qu'il était en train de fabriquer la prochaine élection avec une Le Pen en face de lui. Il voulait cela, c'est évident. Bon, maintenant il est obligé de séduire la gauche, on n'y croit pas - voyez, Sarkozy est en embuscade -, mais on y va, on le fait, la mort dans l'âme. Vous avez une même détestation pour Emmanuel Macron que pour Nicolas Sarkozy ? Oh, comme beaucoup d'autres, j'ai beaucoup plus de détestation pour Macron. En raison de son mépris et de son arrogance. Et puis, il a toujours voulu faire croire... Il ne reste rien de sa grande consultation populaire. Et la grande cause du féminisme, parlons-en ! Enfin, il a détruit les services publics l'un après l'autre, l'école, la santé... D'une certaine manière, Sarkozy, lui, annonçait la couleur. Mais je vis ici, à Cergy, ville nouvelle multiethnique et multiculturelle et je ne peux pas laisser passer le Rassemblement national. Je sais à quel point tous les jeunes de la région vont souffrir avec Marine Le Pen. Cela ne vous chagrine-t-il pas qu'une grande partie de l'électorat populaire penche pour Marine Le Pen ? On peut comprendre que les gens se laissent abuser par elle. Mais je ne pense pas qu'il va y avoir beaucoup de votes pour Le Pen dans ce monde-là ; en revanche il y aura nombre d'abstentions, notamment au sein de la jeunesse. D'un président à l'autre... Vous racontez, dans un passage savoureux de votre journal, un déjeuner avec François Mitterrand chez votre éditeur, Gallimard, le 18 juin 1988. C'était épouvantable, je me sentais obligée d'y aller, pour Gallimard c'était important. Ç'a été une vraie corvée. Je l'ai écrit à l'époque "Etre encore et toujours l'étrangère, en position on ne peut plus solitaire, car tous sont à l'aise dans ce monde. Fantasmes venir avec un revolver, le crime gratuit !" J'appréciais François Mitterrand, mais les circonstances étaient éprouvantes. Il y avait là Claude Gallimard "tragique figure se défaisant", Antoine et sa femme, le poète Octavio Paz et son épouse, Sollers et Julia Kristeva, "l'oeil noir". En fait, Ils étaient tous constipés ! J'étais assise à la gauche du président, qui, lui-même, avait quelque gêne à se statufier, "à être l'oracle qu'on lui demande d'être". Quand il est parti, tout le monde s'est senti délivré. Parallèlement au "Cahier", vous publiez Le Jeune Homme, une sorte de novella, que vous avez écrite en deux temps semble-t-il, en 1998-2000 puis tout récemment... En effet, il s'agissait d'un brouillon sur lequel je suis tombée à l'occasion de mes recherches pour ce "Cahier de l'Herne". Je me suis dit que je pouvais faire quelque chose de cette histoire où s'entremêlaient le sexe, le temps et la mémoire. Ce jeune homme de 25 ans, de près de trente ans plus jeune que sa maîtresse de 54 ans, "était, écrivez-vous, le passé incorporé". En quelques mots, tout est dit, non ? Oui, je n'ai rien à dire de plus au fond. [Rires.] Dans ce texte, tous les mots comptent. J'ai écarté tout ce qui pouvait être de l'ordre de la passion - il n'y a pas de passion en fait, on le sent bien - pour comprendre ce que signifiait cette histoire. On pourra trouver que ce livre éminemment politique et féministe est implacable, d'ailleurs. En choisissant la jeunesse, vous évitez, écrivez-vous, d'avoir en face de vous le visage de votre propre vieillissement. Un privilège généralement réservé aux hommes ? Oui, et c'est ce qui fait qu'aujourd'hui je suis très fière de publier cela, et d'avoir été un modèle pour les femmes, en quelque sorte. Vous avez alors un incroyable "sentiment de répétition", vous rejouez des scènes et des gestes qui avaient déjà eu lieu... Il était très étonnant de revenir ainsi de manière régulière à Rouen, dans cette ville où j'avais passé des années de jeunesse et de formation, et d'y vivre des choses que j'avais déjà vécues dans ma vie de femme mariée. J'ai vraiment eu l'impression d'être un personnage de fiction, mais en même temps c'était très jouissif, le temps n'existait, réellement, plus. Et puis, le jeune homme m'évoquait mon origine sociale, je retrouvais là des choses troublantes. Alors que d'habitude c'est moi qui suis la transfuge de classe, là, c'était l'inverse, j'étais la bourgeoise, et j'avais l'argent. Vous revivez une jeunesse, mais, pour le coup, débarrassée de la honte... Oui, c'était presque jouissif de provoquer les gens autour de nous, de provoquer le scandale. C'est un renversement par rapport à cette honte que j'ai pu connaître quand j'étais jeune. Un jour, il me semble qu'il n'y aura plus là matière à scandale. Les mentalités évoluent vite, cela m'enthousiasme. C'est vous qui avez ouvert la voie à Emmanuel Macron ? [Rires.] Son statut matrimonial m'a beaucoup séduite, au départ, il est vrai. S'il y a quelque chose de bien chez Macron, c'est cela. Annie Ernaux, "Cahier" dirigé par Pierre-Louis Fort. Editions de l'Herne. 322 p., 33 €. Le Jeune Homme, par Annie Ernaux. Gallimard, 48 p., 8 € en librairie le 4 mai. Propos recueillis par Marianne Payot Les plus lus OpinionsLa chronique de Vincent PonsVincent Pons, avec Boris ValléeLa chronique de Marion Van RenterghemPar Marion Van RenterghemLa chronique de Sylvain FortPar Sylvain FortLa chronique du Pr Gilles PialouxPar le Pr Gilles Pialoux Accompagné par ses acteurs Jamie Dornan, Caitriona Balfe et Ciaran Hinds, Kenneth Branagh évoque "Belfast", film inspiré de son enfance en Irlande. Thor dans la Phase I du Marvel Cinematic Universe. La renaissance de Jack Ryan sur grand écran. La transposition du Cendrillon de Disney en live. Deux adaptations luxueuses d'Agatha Christie, et une plongée dans l'univers des romans pour jeunes adultes. Si l'on excepte ce film sur son idole William Shakespeare All is True sorti directement en VOD chez nous, Kenneth Branagh a navigué entre les studios ces dernières années. Son retour à un cinéma plus intime avec Belfast est d'autant plus marquant que le long métrage s'inspire de sa propre enfance en Irlande pendant l'été 1969, alors que l'homme marchait sur la Lune et que la violence éclatait dans les rues de sa ville. Aux côtés de ses acteurs et compatriotes Jamie Dornan, Caitriona Balfe et Ciaran Hinds, qui incarnent respectivement des versions de son père, sa mère et son grand-père, le cinéaste revient sur ce beau film en noir et blanc en lice pour sept Oscars. AlloCiné "Belfast" est un projet très personnel pour vous. Depuis combien de temps aviez-vous cette histoire en tête ?Kenneth Branagh J'ai l'impression d'avoir eu envie d'écrire sur Belfast pendant longtemps, sans vraiment savoir quelle serait l'histoire. Ce n'est qu'au moment du confinement, lorsque j'ai ressenti un sentiment d'incertitude face à cet avenir inconnu, que je me suis vraiment rappelé ce qu'il s'était passé lorsque la violence s'était invitée dans ma vie à Belfast. Car cette même sensation d'un avenir totalement incertain, je l'avais déjà ressentie lorsque j'avais 9 ans. La façon dont ces familles - et pas seulement la nôtre - ont fait face à cette situation est soudain devenue, cinquante ans plus tard, un moyen de raconter l'histoire. Et c'est ainsi devenu plus personnel que je ne le pensais. Était-ce aussi, pour vous, une manière de renouer avec un cinéma plus intime, après plusieurs gros films réalisés pour le compte de studios ?Kenneth Branagh Je pense que oui. Et c'est même ce que j'appellerais ma place naturelle. J'ai débuté avec des petits films, qui reposaient sur les performances des acteurs. Et faire Belfast juste après le confinement s'est révélé être très collaboratif, comme si une petite industrie artisanale se remettait au travail. Malgré les protocoles Covid, l'expérience était très personnelle et, de ce point de vue, le projet a été très renouvelant, très réparateur. Comme un retour à une façon de travailler que j'aime beaucoup. Faire Belfast juste après le confinement s'est révélé être très collaboratif, comme si une petite industrie artisanale se remettait au travail Vous parliez plus tôt de votre famille comment est-ce que cela se passe lorsque l'on doit choisir des acteurs et actrices pour incarner ses membres ?Kenneth Branagh Je voulais que le film s'inspire de mon histoire, mais j'ai très tôt dit aux acteurs que même si j'étais très heureux de leur répondre sur des questions précises autour de mes parents et ma famille, je préférais entendre Jamie Dornan évoquer sa relation avec son père. Ou que Caitriona Balfe parle de son expérience, elle qui a grandi à la frontière entre le Nord et le Sud de l'Irlande, où l'atmosphère était particulièrement explosive. C'était un endroit potentiellement très violent, donc je voulais qu'elle s'approprie le sujet. Mais le défi, avec Caitriona et Jamie, a surtout été de trouver ce pétillement, cette alchimie que j'avais le sentiment que mes parents avaient. C'était peut-être le point de vue d'un enfant de 9 ans, mais je voyais chez eux un glamour que Jamie et Caitriona ont réussi à capturer. Judi Dench et Ciaran Hinds possédaient, de leur côté, l'esprit et l'humour de mes grands-parents. En plus d'une âme qui leur donne de la profondeur. Et pour ce qui est du jeune Jude Hill, le but était de trouver quelqu'un d'assez présent pour que l'on puisse voir le film et l'histoire sur ses traits. C'est aussi un enfant qui sait écouter sans donner l'impression qu'il joue quelqu'un qui écoute. Il était juste présent, et j'ai eu de la chance avec les acteurs que j'ai pu avoir. Jamie Dornan Quand Kenneth est venu me voir, seule Judi Dench était attachée au projet, donc c'était comme un home run pour moi j'étais partant sans même avoir à lire le scénario. Puis je l'ai lu et j'ai réalisé à quel point c'était proche de son expérience et de son histoire personnelle, ce qui peut rajouter un peu de pression supplémentaire. Mais je savais que Ken me voulait pour le rôle et j'avais peur que, le jour où nous devions nous rencontrer pour nous parler, il réalise qu'il avait fait une grosse erreur et ne veuille plus que je fasse le film rires Mais le contraire s'est produit. Il m'a imprégné de la confiance qu'il avait en moi et de son envie que je fasse ce voyage avec lui. Je me suis senti particulièrement privilégié que l'on me demande d'être impliqué dans cette histoire qui est très personelle pour lui, mais également pour moi. Je viens aussi de Belfast, j'ai raconté des histoires de la ville et je compte le faire le reste de ma carrière si l'on m'en donne l'opportunité. Celle-ci m'a paru très spéciale car très humaine et terre-à-terre, et qu'elle parlait d'une famille prise dans ces événements. Et ce privilège m'a moins fait ressentir de la pression que de la liberté vis-à-vis de ce récit. VISU Ciaran Hinds Nous venons tous d'Irlande du Nord. A part Dame Judi Dench. Mais Kenneth et elle ont travaillé ensemble onze ou douze fois, entre le théâtre et le cinéma, donc il lui fait totalement confiance. Ils ont cette relation merveilleuse, et l'Histoire nous a prouvé à quel point elle est une actrice brillante. Je pense qu'il a toujours pensé à elle pour le rôle, car l'amour et l'affection qu'il éprouve pour elle devait lui rappeler l'amour et l'affection qu'il éprouvait pour sa grand-mère. Donc il était logique qu'elle joue ce personnage. Caitriona Balfe Lorsque j'ai été approchée et que l'on m'a dit que Kenneth voulait me rencontrer, Dame Judi, Jamie et Ciaran Hinds étaient déjà engagés. Donc j'étais surexcitée par le simple fait que l'on me propose de lire le scénario, que j'ai trouvé magnifique. Tout comme le personnage de Ma qui, sur le papier, m'a semblé complexe, pleinement formé, à tel point que j'ai eu le sentiment de la reconnaître immédiatement. Et j'ai découvert, lors de ma première rencontre avec lui, que Kenneth était l'une des personnes les plus adorables qui soient. Il m'a très vite interrogée sur ma vie et mes expériences, et j'ai alors compris qu'il essayait de voir ce que je pouvais apporter au rôle, dans la mesure où l'idée n'était pas de faire un documentaire sur ses parents. Il nous a donné beaucoup de liberté, et j'ai l'impression qu'elle nous a portés et permis de faire de ce projet quelque chose d'organique et charmante, où nous étions tous en phase les uns avec les autres. C'est aussi ce qui l'a rendu spécial. Vous avez dit dans une interview que les souvenirs de Belfast que vous aviez étaient gris, car le ciel l'était toujours Kenneth. Est-ce pour cette raison que vous avez tourné le film en noir et blanc ?Kenneth Branagh C'était un monde monochrome, oui. Il pleuvait souvent dans cette ville très masculine, le ciel gris, typique du Nord de l'Irlande, était très présent. Et la télévision était en noir et blanc. Comme les films que je découvrais à la maison. Raconter l'histoire de Belfast de cette manière lui donnait une sorte de poésie et le rapprochait du réalisme social que j'aimais dans les films britanniques du début des années 60. Et cela permettait de créer un contraste avec l'apparition des couleurs explosives lorsque nous allions au cinéma en famille et étions témoins de la beauté immersive du Technicolor sur grand écran pendant les années 60. C'est agréable de voir la ville de Belfast de cette manière plutôt que d'être toujours dans le pessimisme Ces scènes donnent à "Belfast" un aspect un peu plus cinématographique encore. Y a-t-il des films qui vous ont inspiré, pour l'histoire ou sur le plan visuel ? On pense parfois à "Cinema Paradiso".Kenneth Branagh Cinema Paradiso a définitivement compté, pour son cœur. Mais également Le Voleur de Bicyclette. Ou Au revoir les enfants de Louis Malle pour son ton. C'est un film magnifique, sans doute l'un de mes préférés, qui possède une tendresse, un côté poignant, une nature douce-amère et une jeunesse qui en font une œuvre exquise. Jamie Dornan Le film s'inspire aussi de photographies comme celles d'Henri Cartier-Bresson, qui ont eu une influence sur le paysage. On nous a aussi montré un montage, qui nous a très tôt montré ce à quoi Belfast allait ressembler sur le plan stylistique. Mais nous savions que Kenneth, le chef décorateur Jim Clay et le chef opérateur Haris Zambarloukos, avec cette idée de film en noir et blanc, allaient créer un agréable paysage visuel dans lequel nous n'aurions qu'à combler les blancs rires L'une des grandes forces du film, c'est son esthétique. On retient beaucoup de ses plans, et on en sort en se disant que Belfast n'a jamais paru aussi belle et artistique auparavant. Et c'est agréable de voir la ville de cette manière plutôt que d'être toujours dans le pessimisme. C'est très poétique et plaisant de faire partie de ces images. Propos recueillis par Maximilien Pierrette à Paris les 21 janvier et 15 février 2022 J’ai l’impression d’être la lie De l’humanité… un déchet. Partout je suis mal accueilli, J’ai l’impression d’effaroucher. Qu’ai-je fait, à part être noir ? A mon passage, la haine Ferme les portes de l’espoir Et m’ouvre celles de la peine. Sur les visages, en passant, Les expressions n’ont rien d’humain. On me répond d’un ton cassant, Quand je demande mon chemin. J’étais le roi du village, Le fier mâle de ma tribu ; Toutes les filles de mon âge Se pâmaient d’aise à ma vue. Ma tête grouillait de rêves, En faisant aux miens mes adieux. Boursier et excellent élève, Leur fils était béni des Dieux. Je quittais ma pauvre patrie, Convaincu que j’allais cueillir, A l’arbre du savoir, les fruits Qui m’aideraient à m’épanouir. J’armai mon corps contre le froid Et la grisaille comme couleur, Mais pour moi, le chemin de croix Allait être le gel des cœurs. Ceux qui sont méprisants, n’ont rien De plus que moi à faire valoir. S’ils pensent qu’être blanc c’est bien Ils sont les seuls à le croire. Ne leur vient-il pas à l’esprit, Que, comme eux, je peux souffrir De leur froideur et leur mépris ? Que c’est mon cœur qu’ils vont meurtrir ? De quel droit peuvent-ils me juger Inférieur, par rapport à eux ? Cet exécrable préjugé Suffit-il pour se sentir mieux ? Tout comme leurs mères, maman Qui me mit au monde en souffrant, Ne pensait pas un seul instant, Me voir souffrir aux mains des blancs. Les racistes sont de pauvres types ; Ils sont des monstres, mais l’ignorent. Bien que lâches et sans tripes, Face aux faibles, ils sont forts.

que la jeunesse était belle en noir et blanc